L’énergie, en Haute Maurienne Vanoise, on connaît, puisque ce territoire dispose depuis longtemps d’un des plus vastes réseaux de production hydroélectrique de France, avec les barrages du Mont-Cenis, Plan d’Amont et Plan d’Aval à Aussois, Bissorte et les centrales associées. Jadis on produisait ici de l’électricité pour faire tourner les industries électrochimiques et électrométallurgiques, aujourd’hui une grande partie est injectée dans le réseau national de distribution d’électricité. Cette expertise du territoire en matière de production d’énergie se retrouve, et pas que symboliquement, à travers le projet de chaufferie bois-énergie de Modane et son réseau de chaleur public. C’est un exemple supplémentaire de l’investissement de nos territoires de montagne dans les filières courtes, celles qui raccourcissent les distances entre le producteur et le consommateur. Ce nouveau fleuron, qui s’inscrit dans une démarche de Territoire à Energie Positive (TEPOS), laquelle œuvre à la réduction des gaz à effet de serre et au développement des énergies renouvelables, vient d’être mis en route pour chauffer l’ensemble de la piscine intercommunale (eau et air). Il apportera également de la chaleur à d’autres bâtiments publics à proximité : les locaux du stade voisin (foyer + habitation), la résidence autonomie Pré Soleil (Foyer-Logement) et la Maison médicale. Et sur le toit de cette chaufferie bois-énergie de dernière génération, 30 m² de panneaux photovoltaïques qui permettront de couvrir une partie des besoins électriques du réseau du bâtiment.
30% de gain par rapport au fuel !
Ce projet est parti d’une réflexion globale sur la dépense énergétique des bâtiments publics et d’un constat : la piscine intercommunale, construite il y a 45 ans (1973), est un merveilleux équipement pour les habitants de Haute Maurienne Vanoise, pour les familles, les scolaires (tous les élèves de Haute Maurienne y apprennent à nager) et pour les clientèles touristiques, mais elle se montrait bien dispendieuse en énergie. Pour faire évoluer cet équipement en centre aqualudique et de bien-être sans lui enlever sa vocation d’apprentissage de la natation, d’importants travaux d’économie d’énergie étaient donc effectués en 2016 : double vitrage, sas d’entrée, éclairage... la piscine devenait enfin un bâtiment économe ! Pour compléter ces efforts, on lui associa cette nouvelle chaufferie bois-énergie. La chaudière au fuel de la piscine a été conservée, elle servira d’appoint et de secours en période de forte consommation.
Du bois 100% local
Pour le combustible, on a logiquement pensé au bois local, transformé en plaquettes à La Praz à partir de coupes forestières de la vallée. Cette filière-bois est le centre d’un projet de la CCHMV en partenariat avec ses communes membres et l’ONF (détails dans une prochaine édition de Terra Modana HMV). Une démarche ayant une action positive sur l’entretien de la forêt : les plaquettes forestières sont en effet issues d’arbres de moindre qualité, dont des arbres « mitraillés » contenant des éclats d’obus de la Seconde Guerre mondiale, inexploitables en scierie.
Un équipement performant
Construite à côté de la piscine sur une surface de 207 m2, la chaufferie est dotée d’un quai d’approvisionnement où sont livrées les plaquettes. Celles-ci sont stockées dans trois bennes de 30 m3 disposées sur une plate-forme. La chaudière de 440 kW de marque « Compte R » est issue d’une technologie française qui s’exporte aujourd’hui en Europe, en Afrique et aux Amériques. Son approvisionnement est automatisé et son rendement performant, avec peu de cendres résiduelles et des émissions dans l’atmosphère filtrées, conformes et même bien inférieures aux normes en vigueur. Son fonctionnement est simple : l’eau est chauffée à 95° puis envoyée par le circuit primaire jusqu’aux sous-stations de chaque bâtiment destinataire. La chaleur est transférée ensuite par des échangeurs à plaques au réseau secondaire de chaque bâtiment, jusqu’aux radiateurs. L’opération représente un investissement d’environ 900 000 € H.T. dont plus de la moitié (489 778 €) est financé par subventions, de l’Ademe, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de l’Etat et du département de la Savoie. La chaufferie et son réseau de chaleur seront exploités directement par le personnel de la CCHMV. La mise en service a eu lieu le 10 avril, mais pour l’heure seule la piscine est raccordée, les autres bâtiments le seront cet été. Pour les usagers des bâtiments chauffés, aucun changement, si ce n’est le sentiment que leur cadre de vie évolue vers toujours plus de prise en compte des économies d’énergie, de la gestion de l’environnement, dans une économie globale qui favorise désormais les circuits courts.
Coût chaufferie + réseau de chaleur : 900 000 € HT
Grâce aux performances énergétiques de la chaufferie et au caractère innovant de la filière bois-énergie développée par la CCHMV, le projet est soutenu à plus de 50 % :
+ 388 357 € de l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME)
+ 54 421 € de la Région Auvergne Rhône Alpes
+ 32 000 € de l’Etat (Dotation Équipement des Territoires Ruraux)
+ 15 000 € du département de la Savoie
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